Fiona Perrin

Dates

27-01 > > > 15-02-2025
27/01/2025
15/02/2025
Fiona Perrin

Madagascar

Photographies

En janvier 2024, je suis partie toute seule avec mes deux valises remplies de fournitures scolaires pour deux mois de stage au sein de l’association École du Monde Madagascar.
École du monde a été créé en 1997 par Charles Gassot et permet à plus de 270 enfants de la brousse d’avoir accès à l’éducation.
Mis à part le fait que mon stage devait être dans le domaine de la communication, je n’avais pas de consignes strictes sur les conditions et les modalités de celui-ci. J’ai choisi moi- même de partir dans l’un des pays où le taux de pauvreté est parmi les plus élevé au monde et où la culture n’a rien à voir avec ce que je connaissais. J’étais consciente de tout cela et pourtant le choc a bien été présent. J’ai vu des nourrissons dormir sur les trottoirs, des enfants affamés faire des malaises dans mes bras, des familles dormir à sept dans un lit et vivre à vingt dans une maison. Parmi tout ça la question s’est posée : qui j’étais, moi, étudiante de 20 ans, blanche, n’ayant jamais vécu la misère pour sortir mon appareil photo et me permettre de prendre en photo ces personnes dans leur quotidien ?
On entend souvent les termes de «white savior» et de «volontourism», je ne voulais pas en faire partie et répondre à ces clichés. Lorsque j’ai finalement réussi à sortir mon appareil photo pour
la première fois, je me suis demandée si j’aurais pris la même photo en France, si la réponse était non, je ne prenais pas la photo.
Mes photos n’avaient pas pour but de dénoncer la misère de ce pays. J’avais la volonté profonde de retranscrire l’âme de ces enfants qui m’ont ouvert leurs portes, leurs regards perçants remplis d’émotions, leurs sourires sincères. Je ne voulais pas cacher ni romantiser leurs conditions de vie, j’ai pris mes photos telles que je les ai vécues. C’est loin d’avoir été simple, j’étais seule, je ne pouvais pas sortir sans être accompagnée, un monde nous séparait. Pourtant, ce stage a été l’une des plus belles expériences de ma vie et m’a permis de me questionner, de m’épanouir mais surtout de savoir un peu plus qui j’étais. J’ai toujours dit que j’aimais photographier ce que je voyais avec le cœur et ce que je ressentais avec les yeux. C’est pourquoi ces photos sont mes préférées. Elles sont remplies d’une émotion que j’ai moi-même du mal à décrire.

Exposition "Madagascar" de Fiona Perrin - Centre Sohane Benziane Paris 15 - janvier-février 2025